Les Communs d’Abord : un automédia qui nourrit le débat

Publié par Admin le

Le blog « Les Communs d’Abord » est animé par une équipe éditoriale autonome dont le travail de veille permet de nourrir des contenus réguliers, diffusés à près de 4000 abonnés sur les réseaux sociaux et plus de 1300 personnes inscrites à la newsletter.

Depuis sa création en septembre 2016, c’est le collectif Point Communs qui prend soin de cette ressource sur le plan technique, avec l’aide de son partenaire Hébergement En Communs. Nous avons demandé à Sylvia, enseignante chercheure au sein de l’unité de recherche ECOLAB de École d’Art et de Design d’Orléans et contributrice très active du blog, de nous parler de cet outil et de son implication dans l’animation éditoriale.

Sylvia : il me semble que depuis sa création, l’objectif du blog « Les Communs d’Abord » a évolué. Aujourd’hui son objet n’est plus seulement la vulgarisation de la notion de communs, mais la construction d’un regard politique collectif autour de ce concept et de ses mises en applications. Il s’agit désormais de discuter sur l’institutionnalisation en cours, car la situation a bien changé depuis 2016. Le thème des communs s’est invité dans le champ politique médiatique. La veille que nous réalisons actuellement sur le blog vise à préparer le terrain à du débat politique, ce qui s’articule finalement très bien avec la mission du Collectif Savoirs Com1 qui a porté le lancement du blog (voir l’historique).

Pour moi, ce blog s’apparente à ce que l’on appelle un « automédia », c’est à dire qu’il est issu de la volonté d’auto-gérer nos propres médias alternatifs pour ne plus laisser le monopole de l’information aux médias dits « mainstreams ». Le fait qu’il soit diffusé sur Mastodon, qui est un réseau social alternatif né à la même époque, répond également à l’enjeu politique de s’éloigner des GAFAM, et de leur régime algorithmique de recommandations. Et l’hébergement assuré par Hébergement En Communs permet de pérenniser une archive en commun, c’est à dire qui appartient à ses contributeurices, en sortant des logiques d’exploitation et de monétisation de nos données. Ce support numérique permet enfin de pouvoir contribuer à un commun avec des personnes très éloignées géographiquement les unes des autres.

Je contribue à la veille éditoriale et à la diffusion de la newsletter car je suis attachée à des personnes qui ont porté ce projet à ses débuts et que je souhaite assurer une forme de transmission qui se fait de main en main depuis six ans. Parmi ces personnes, je peux citer :

  • Louise Merzeau qui a ouvert un axe « Biens communs numériques » au sein du master « Industries culturelles et environnement numérique » de l’université Paris-Nanterre. Ce blog était important pour elle, en prolongement de son travail universitaire ;
  • Lionel Maurel, qui a porté le blog pendant longtemps à partir de son lancement. Je me souviens que chaque fois qu’on arrêtait de contribuer, il nous écrivait : « C’est la tragédie des communs ! » ;
  • Maïa Dereva, que je trouve inspirante par sa spontanéité et son attachement à la pluralité des sources/des communautés.Ce blog porte un peu de cela aussi.

Je pense qu’il faut éditorialiser les communs parce qu’il y a des trajectoires politiques à défendre. Le blog y contribue à sa manière. Et puis les communs c’est performatif, comme le sont les droits de l’homme : il ne s’agit pas seulement de les déclarer, il faut aussi les cultiver et les raconter. Dans cette éditorialisation, nous veillons à une sorte de pluralisme dans la mise en récit, pour que la notion soit régulièrement enrichie de nouveaux enjeux.

Point Communs : voilà typiquement ce à quoi nous aspirons en mettant à disposition des outils numériques « en commun » : la création et l’auto-gestion de communautés autonomes qui prennent soin des contenus et s’occupent elles-mêmes de la gouvernance autour de ces questions. Le blog « Les Communs d’Abord » en est un exemple parfait, l’équipe éditoriale étant entièrement séparée du collectif qui n’intervient pas du tout dans les contenus. Ce n’est pas encore le cas de tous les sites dont nous nous occupons, mais si vous avez envie de créer une communauté active autour du portail ou de la plateforme de vidéos par exemple, n’hésitez pas à nous contacter pour qu’on vous y donne accès !

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