Le chat des communs : un lieu de rencontres entre commoners

Publié par Admin le

Lancé à l’automne 2016, le chat des communs compte aujourd’hui 1870 inscrit⋅es et 2368 canaux (publics et privés). Si de nombreux collectifs l’utilisent ou l’ont utilisé avant d’ouvrir leurs propres outils, on y trouve également des canaux dédiés à des dynamiques inter-organisations. C’est sur cet aspect que nous avons demandé à Nicolas, contributeur du Tiers-Lieux La Myne à Lyon, de nous en dire un peu plus.

Nicolas : les lieux de conversation pour les personnes en curiosité des communs, il n’y en a pas tant que ça. Le chat des communs offre un côté de « pluralité », avec une dimension démocratique sans a priori sur les personnes qui peuvent y venir. On sent bien qu’il ne s’agit pas ici de défendre une identité, mais de privilégier la pluralité des visions et les variétés dans les manières de faire. Cela a d’ailleurs inspiré d’autres chats comme chat.tiers-lieux.org qui n’est pas dédié à un seul organisme. Et le chat des communs est aussi un lieu de rencontre entre le logiciel libre et les communs.

À ce titre-là, il est logique d’entrevoir que l’ouverture de canaux inter-organisations est pertinente pour lancer des discussions de personnes d’horizons divers. Par exemple, dans le canal #cae-communs, qui est un canal de conversation pour travailleurs des communs engagés dans des coopératives d’activités et d’emploi, les personnes n’ont pas les mêmes rapports aux communs, et c’est ce qui fait l’intérêt de les réunir. Il serait plus compliqué d’avoir ce genre d’échanges dans d’autres espaces.

Un autre exemple est celui du canal #catamyne : d’un côté il y avait le collectif Catalyst, qui utilise en interne une liste mail pour discuter, et de l’autre La Myne, qui a son propre RocketChat pour l’opérationnel et un fil Telegram pour les bavardages. Les deux communautés ont co-organisé un événement appelé les Mini-ROUMICS en 2021 et 2022, et ont commencé par discuter via WhatsApp. Mais on a vite trouvé plus pratique d’utiliser un chat, et quand on s’est posé la question, il n’était pas envisageable d’inviter toute une communauté sur l’outil de l’autre ! C’est là que le chat des communs permet un dialogue et une ouverture dans un lieu inter-collectifs.

D’ailleurs, le PAD des communs [qui réunit 470 utilisateurices pour plus de 7300 pads, ndlr] est dans la continuité de cet esprit : il permet de prendre des notes dans certaines circonstances où il serait malvenu d’utiliser l’outil d’une communauté pour ne pas mettre en valeur une identité particulière.

Pour moi, la précaution à maintenir ces endroits-là est sous estimée. Avec ces outils, on a une radicalité par le seul fait qu’ils existent, et en même temps, on y trouve une vraie douceur. C’est performatif par la répétition de l’ordinaire. Et c’est fort, parce que personne ne les possède.

Catégories : Les usages